dimanche, décembre 24, 2006
Coups de coeur BD 2006
Magasin Général , par Régis Loisel et Jean-Louis Tripp (Casterman). Neige, soupe chaude et vie dans un petit village du Québec des années 1940. Entre chronique rurale et étude sociale, les deux auteurs naviguent brillamment dans les paysages d'un Canada encore sauvage. Une histoire simple, comme les gens.
Lucille , par Ludovic Debeurme (Futuropolis). De l'âge tendre à l'âge bête, Lucille et Arthur, deux adolescents, se cherchent dans une vie qui n'est ni facile ni douce. Epaulé par une bichromie efficace, ce récit dessiné de 500 pages trouve le ton juste pour donner vie à deux êtres de papier. Désarmant.
Futuropolis a décidément le don pour dénicher les créateurs...
samedi, décembre 23, 2006
Diptyque coréen
jeudi, décembre 21, 2006
Bérurier Noir - Invisible
La fiesta bérurière
Rien. Et puis, sans prévenir, les lumières de la grande scène du festival de Dour enflamment le grand cirque Béru. Tel un courant, les premiers tempos binaires de la boîte à rythmes électrisent les crêtes colorées. Perçant la foule, les punks, jusque-là passifs, se précipitent vers les premiers rangs pour poursuivre la valse des pogos amorcés il y a des années. Vivre libre ou mourir, Petit agité, Amputé, Porcherie… Comme lors de leur dernier concert belge donné au Plan K à Bruxelles, fin 1988, les textes provocateurs des chantres du rock alternatif français continuent à faire mouche. Sur scène, la foire jubilatoire est de retour. Entre les cracheurs de feu, les jongleurs et les échassiers, la dizaine de Béru lâchés sur les planches jouent des déguisements pour appuyer des chansons dont la musique n’a pas gagné en finesse. Cela reste lourd, primaire et tribal. Mais c’est jouissif et sans concession.
Avec le recul, on se dit que la raïa bérurière mérite sa place au panthéon du rock français. Charnière après les années Trust et Téléphone, elle a ouvert la voie aux Négresses vertes et à la Mano Negra. Comme les Clash pour les années 1980, les Béru ont préparé le terrain aux groupes francophones des années 1990. « On reste des amateurs du rock, explique François, l’un des chanteurs et le parolier du groupe. En 1983, lorsqu’a commencé l’aventure, nous étions simplement ensemble dans la rue. On s’est juste pris en main : la musique, c’était une alternative à la délinquance. On aurait tout aussi bien pu monter un collectif de cinéma ou de BD.» A la dissolution inattendue du groupe en 1989, «on évoluait plus, précise Masto, le saxo», chacun retournera à ses premières occupations : terminer sa thèse d’histoire pour l’un, photographie et écriture d’un ouvrage sur les arbres pour l’autre, ou encore du théâtre de rue. Avec des groupes comme Molodoï, Les Anges Déchus, Tromatism ou encore Junior Cony…, les membres du groupe n’en restent pas moins actifs dans la musique. « Il existe des milliers de groupes alternatifs, mais la presse n’en parle jamais», s’impatiente le responsable de la sécurité des Béru, lorsque l’on évoque la pauvreté du rock français. « J'ai fait entre 300 et 400 concerts dans des squats à travers l'Europe, poursuit Loran, guitariste et chanteur, et je n'ai jamais vu un seul journaliste de la presse officielle. »
Pourtant, du Monde à Libération, les médias ne manqueront pas d’évoquer la passion du public – et les débordements de celui-ci – lors du concert surprise donné par les Bérurier au Transmusicales de Rennes 2003. Un engouement tel que les organisateurs seront obligés de laisser entrer les spectateurs sans billet. Le 11 juillet dernier, c’est plus de 60 000 personnes qui sont venus les saluer au Festival de Québec. Bonheur pour les aficionados belges, le troisième – et dernier ? – concert de la « déformation officielle » eut lieu à Dour. « Dour est un des seuls festivals qui n’est pas encore "clearchanelisés", sourit Loran. Ce qui ne veut pas dire qu’il est parfait. Les organisateurs peuvent encore faire un effort. Les chiottes payantes, par exemple, c’est hallucinant ! Il y a moyen qu’un festival soit viable autrement. » Pas avec la pub, si l’on suit la logique du groupe... Avant de monter sur scène, les iconoclastes ont exigé le déboulonnage de toutes les bannières publicitaires présentes sur le site. Un geste que de nombreux organisateurs n’auront pas à poser. «Pas question de rempiler comme avant, précise François. Si le groupe est d’accord pour poursuivre l’aventure bérurière, on n’en connaît pas encore la forme. Dans un premier temps, nous allons utiliser notre nouveau label Folklore de la Zone Mondiale pour produire des formations moins connues. » Un label qui devrait également accueillir un nouvel album dont quelques inédits ont été distillés au concert de Dour. Rien, par contre, ne semble encore décidé pour une éventuelle tournée… « Au pays de L'Empereur Tomato-Ketchup, les enfants sont rois et ils font la loi ! Tournicoti, tournicoton.»
lundi, décembre 18, 2006
Corto Maltesse - littérature dessinée
samedi, décembre 16, 2006
Le blues des consultants
Qu’à cela ne tienne, dopés par ces oracles, de nombreuses sociétés débutent l’aventure du B2C (Business to Consumer), avec des projets s’appuyant sur les sages recommandations de ces consultants. « Les entreprises qui ne sont pas à l'écoute des besoins du consommateur sont vouées à une mort prochaine » « Un sondage sur les habitudes d’achat par Internet fait ressortir l’incidence du sexe, de l’âge et du revenu sur le magasinage en ligne ». Et de nous expliquer sur trente pages, que si les hommes achètent du matériel informatique en ligne, les femmes se rabattent plutôt sur les bouquins ou les parfums... Face au Net, les chefs d’entreprises auraient-ils perdu à ce point leur flair qu’ils leur faillent s’appuyer sur ce genre de banalités pour sentir le marché ?
Las, malgré ces bons conseils, « les internautes sont très majoritairement en faveur d’un contenu pertinent » (il y a donc des personnes qui recherches des contenus vides de sens ?) et des phrases aussi péremptoires que « l’année 2000 va entrer dans l’histoire comme l’année d’explosion des dot.com » (de quelle explosion voulaient-ils parler ?), on a revu les exigences à la baisse, et dirigé le marché vers le B2B (Business to Business), ou le commerce inter-entreprises, promis, lui, « à un bel avenir »… Il faudra cependant se méfier des problèmes de sécurité (l’actuel cheval de bataille des consultants) et trouver - pourquoi pas ? - des appuis au sein des futurs e-gouvernements, la prochaine grande affaire des visionnaires.
A rebours, la critique paraît facile. Aussi facile que les gains engrangés par ces sociétés, que l’on dit prestigieuses, et dont les experts font souvent la pluie et le beau temps. On imagine en effet assez mal une décision se rapportant au Net sans un argumentaire abondamment étayé par une grosse et grasse étude largement rétribuée. Avec une chance sur deux, pourquoi ne pas tenter l’augure ? « Après un an de traversée du désert, les nouvelles technologies vont reprendre du poil de la bête début 2002. Risque de cafouillages au passage de l’Euro. Attention cependant aux télécommunications mobiles. Trop endettés, les opérateurs pourraient manquer de cash pour déployer leurs coûteuses licences UMTS. Le particulier devra, quant à lui, progressivement s’habituer à la disparition du « tout gratuit » - ça ne rapporte rien - et à la perte progressive de sa sphère privée . A défaut de totales exactitudes, ces prévisions ont le mérite d’être gracieuses et sincères. Qualités trop rares au royaume des e-prophètes.
jeudi, décembre 14, 2006
Christophe Chabouté
Comme des cons!
mercredi, décembre 13, 2006
Avel
L’excellent scénariste Dufaux, a fait d’une station balnéaire de la mer du Nord, le point de départ des aventures d’Avel, un espion romantique rattrapé par son passé. Quatre albums plus loin - et un détour par la Tchétchénie et la mafia - l’histoire se termine tragiquement (ou stupidement, c’est selon) dans la neige moscovite. Même s’il s’agit surtout, ici, de rentabiliser son catalogue, Glénat a eu la riche idée de rééditer l’intégrale de la série, en l’agrémentant d’un bonus de 14 planches inédites. Outre, le plaisir de retrouver une histoire qui a bien vieilli (le premier volume date tout de même de 1991) cette intégrale permet de se faire une idée de l'évolution du trait du dessinateur Christian Durieux. Un artisan des planches qui mérite une plus grande reconnaissance.
jeudi, décembre 07, 2006
Abdallahi
Belem
mardi, décembre 05, 2006
Les identitaires de Nation
La Flandre n’a pas le monopole en matière d’extrême droite. Dans le sud du pays, les adeptes de l’ordre nouveau sévissent aussi
Bière, chips, croix celtiques et drapeaux belges punaisés aux murs… Quand les jeunes du mouvement Nation organisent une journée de formation, suivie d’une « soirée amicale pour récompenser les militants les plus actifs », ils n’hésitent pas à publier un reportage photo de l’événement sur le site Internet du mouvement. Fiers de leur appartenance à la « race européenne », ils pensent même à pixelliser leur visage pour être certains d’être méconnaissables sur les photos. Du coup, entre les bombers noirs, les jupes des copines taillées dans un treillis, les bretelles et les crânes impeccablement rasés (ils sont décidément adeptes des clichés), on n’arrive pas à distinguer grand-chose. Ces gens auraient-ils quelque chose à se reprocher ?
Officiellement, non. Bien en vue sur le site, un communiqué explique d’ailleurs que, « suite à l’affaire du réseau "terroriste" au sein des forces armées belges et face aux amalgames qui commencent à se faire dans divers médias, le mouvement tient à préciser que Nation n’est en rien concerné par l’enquête judiciaire en cours contre le groupe dénommé BBET/Blood & Honour et qu’il n’a pas de liens structurels ou organisationnels avec ce groupe». Par contre, comme on peut également le lire sur le site du mouvement, Nation soutient les soupes identitaires (des soupes populaires à base de porc pour en exclure les SDF d’origine juive et musulmane), Nation prône « la lutte contre l’islamisme et l’implantation massive des desperados du Coran dans notre pays », Nation exige la mise en place d’un centre dont une des missions consisterait à relever les empreintes digitales des Belges dès l’âge de 10 ans, Nation rappelle que « l’arrivée massive d’une jeunesse issue de l’immigration est certainement une des causes majeures d’un grand nombre des problèmes apparus récemment dans le monde de l’enseignement »…
Finalement, en parcourant leurs écrits, on comprend pourquoi les membres de Nation se cachent le visage: ils ont probablement peur de passer pour des fachos.
vendredi, décembre 01, 2006
Une vie de dessin
Au fur et à mesure que les pages d’Entracte défilent, on a la confirmation que le scénariste de l’indémodable série Les 7 vies de l’épervier possède un sérieux coup de crayon. Mais pas seulement. Quand ils ne caressent pas de sculpturales naïades, fusain, lavis et aquarelles donnent vie à de preux chevaliers ou à de poussiéreux cow-boys. Chez Juillard, en l’absence de contrainte imposée par récit, la ligne simple et classique de la BD peut se doubler d’un trait plus dense et plus nerveux.
Que ce soit au scénario ou au dessin, André Juillard est un maître du neuvième art. S’il le fallait encore, cette biographie en images de 432 pages est là pour le prouver.
mardi, novembre 28, 2006
L’impossible fuite
A Budapest en 1944, les petites filles juives sont obligées de remettre leurs animaux de compagnie aux autorités d’occupation nazies. Ensuite, elles aident leur maman à établir la liste de leurs biens avant de prendre un train pour une destination dont elles ne reviendront pas. Dans un crayonné nerveux, où la couleur n’intervient que pour de brèves incursions dans le présent, Seules contre tous (Seuil) relate la fuite éperdue d’une fillette et de sa mère à travers la Hongrie. Dans la veine de l’indétrônable Maus de Art Spiegelman, le roman graphique autobiographique de Miriam Katin puise dans la mémoire familiale pour tenter de raconter la barbarie. Attachante et prenante, l’histoire de la petite Miriam souffre parfois d’un traitement graphique trop esthétisant.
lundi, novembre 27, 2006
jeudi, novembre 23, 2006
Une famille (presque) ordinaire
Licenciée pour photos pornos
Si le comportement de l’institutrice paraît à tout le moins léger – comment a-t-elle pu imaginer un seul instant que ces photographies allaient passer inaperçues ? –, son geste reste du domaine de la vie privée. Fallait-il, dès lors, le sanctionner aussi lourdement ?
Dignité... Ta soeur!
mercredi, novembre 22, 2006
Le grand écart de Google
Défenseur acharné de la vie privée de ses utilisateurs américains, Google se montre moins regardant en Chine où il accepte de censurer son moteur de recherche
« Droit de l’homme », « Tibet » ou « démocratie » n’évoquent rien à la version chinoise du moteur de recherche Google. Pas le moindre petit frétillement dans les liens, aucune adresse ne semble trouver grâce à ses yeux. Et pour cause! Le géant américain de l’Internet a fait savoir que, pour pouvoir travailler dans le Céleste Empire, il avait, «en application avec la législation et la réglementation locale, retiré certains contenus des résultats de recherches obtenus sur Google.cn ». En termes moins diplomatiques, Google se censure et accepte de verrouiller l’accès à des sites interdits par les autorités.
On a pourtant connu la société californienne moins souple avec d’autres pays des dans lesquels elle dispose d’une version locale de son site. Ainsi, Google - la marque la plus influente de la planète, selon un sondage de la firme Interbrand - a refusé de donner suite aux requêtes du département américain de la Justice lui demandant de fournir la liste de certains sites (pédophiles) visités depuis son moteur de recherche. Pour l’association Reporters sans frontières (RSF), la position de Google sur le respect de la confidentialité des internautes américains apparaît comme un « comble d’hypocrisie à la lumière de sa stratégie chinoise ». Dans un communiqué, Google a fait savoir que « si filtrer l’information va à l’encontre de ses principes, il serait bien pire de ne pas fournir d’information du tout aux internautes chinois ». D’autant que MSN et Yahoo! n’ont jamais eu de scrupule en la matière. Selon RSF, Yahoo! collabore depuis trois ans déjà avec les services de censure locaux. Google, Microsoft et Yahoo ! vont d’ailleurs l'objet d'une enquête menée par un comité du Congrès américain sur la censure de leurs services Internet en Chine. En attendant, l’internaute chinois pourra toujours trouver ses informations en utilisant des méta-moteurs. En sous-traitant leurs requêtes vers plusieurs sites de recherche, ceux-ci empêchent l’identification de l’utilisateur.
Loin de son image d’entreprise éthique et cool, Google joue sans état d’âmes la carte du business dans le dossier chinois. Alors qu’aux Etats-Unis l’entreprise sait qu’elle doit tenir compte de l’avis des utilisateurs – un récent sondage montre que 40 % des utilisateurs quitteraient Google s'ils avaient la preuve que leurs recherches en ligne ne restent pas anonymes –, elle n’oublie pas qu’il lui faut absolument entrer dans les bonnes grâces du pouvoir chinois pour espérer percer dans un marché où la barre des 111 millions d'internautes vient d’être dépassée. Quitte, par la suite, à modifier sa politique de collaboration avec les autorités de Pékin. Sur Google, le mot pragmatique donne 3 millions de résultats et moi, et moi, et moi. J’y pense et puis j’oublie …
mardi, novembre 21, 2006
BD - Dieu que l’amour est triste
jeudi, août 17, 2006
Oiseau moqueur
Résumé de quatrième de couverture : « Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort. »
Pour le reste, j'ai rarement croisé dans mes lectures des personnages aussi attachants et tendres que Atticus Finch.