vendredi, février 09, 2007

Les âmes sombres

La rue est une jungle. Pour tenter d'y survivre, il faut se trouver une tribu. Cette règle élémentaire, Mélodie, une grand-mère atypique, va l’apprendre, à ses dépens.Sans domicile fixe, elle voyage sur les routes de France avec pour seul bagage un livre – Maximes et proverbes du monde – et sa foi en la bonté humaine. Au début de l’album Les âmes sombres (Delcourt), de Marc Vlieger, on la retrouve à Bruxelles, dans le quartier européen. Là, entre les soupes gratuites distribuées dans les couloirs de la gare Centrale et les chancres urbains, elle finit par partager un squat avec une bande de voyous dirigée par Ralf, leader charismatique, mais sans scrupules. Avec ses comparses, il a développé des techniques de survie qui ne s’embarrassent pas de conventions sociales. Pour lui, la faim justifie réellement les moyens et le braquage d’une pompe à essence est la seule manière de remplir le caddie que Mélodie, en cantinière de fortune, est priée de transformer en plantureux repas. La cruauté et l’absence de pitié de Ralf seront finalement fatales à la cohésion du groupe.

Un traitement graphique un peu moins léché aurait renforcé l’atmosphère de cette histoire désespérée dans laquelle l’éclaircie finale paraît bien ténue.

vendredi, février 02, 2007

Gus, le mystère de l’ouest

Il y a du Lucky Luc dans le Gus (Dargaud) de Christophe Blain. Mais du Lucky Luc humain, avec des préoccupations aussi terre-à-terre que la poussière des plaines du Far West qu’il arpente avec ses deux acolytes, Clem et Gratt. Ensemble, ils échafaudent des plans, de vraies machinations d’outlaws. Entre deux attaques de trains et une poursuite de diligence, ils n’en oublient cependant pas la chose essentielle : chercher l’âme sœur. Le soir, assis à la table de leur petite cahute de bois, ils rédigent et raturent des lettres d’amour qu’ils oublient d’envoyer. Pour combler leurs manques, les trois pistoleros d’opérette décident de partir en virer à El Dorado, « l’endroit ultime », la ville où les femmes sont libres. De chasseurs qu’ils pensent être, ils deviendront rapidement des proies. Les jolies demoiselles de El Dorado joueront, en effet, de tous leurs artifices pour les mener par le bout du nez que Gus a particulièrement long.Compilation de cinq histoires burlesques et déjantées, ce premier album des aventures de Gus est un véritable bonheur pour les zygomatiques. Comme avec son Isaac le Pirate, Blain prouve, encore une fois, que l’émotion peut naître d’un simple trait. Un régal !