Qu’à cela ne tienne, dopés par ces oracles, de nombreuses sociétés débutent l’aventure du B2C (Business to Consumer), avec des projets s’appuyant sur les sages recommandations de ces consultants. « Les entreprises qui ne sont pas à l'écoute des besoins du consommateur sont vouées à une mort prochaine » « Un sondage sur les habitudes d’achat par Internet fait ressortir l’incidence du sexe, de l’âge et du revenu sur le magasinage en ligne ». Et de nous expliquer sur trente pages, que si les hommes achètent du matériel informatique en ligne, les femmes se rabattent plutôt sur les bouquins ou les parfums... Face au Net, les chefs d’entreprises auraient-ils perdu à ce point leur flair qu’ils leur faillent s’appuyer sur ce genre de banalités pour sentir le marché ?
Las, malgré ces bons conseils, « les internautes sont très majoritairement en faveur d’un contenu pertinent » (il y a donc des personnes qui recherches des contenus vides de sens ?) et des phrases aussi péremptoires que « l’année 2000 va entrer dans l’histoire comme l’année d’explosion des dot.com » (de quelle explosion voulaient-ils parler ?), on a revu les exigences à la baisse, et dirigé le marché vers le B2B (Business to Business), ou le commerce inter-entreprises, promis, lui, « à un bel avenir »… Il faudra cependant se méfier des problèmes de sécurité (l’actuel cheval de bataille des consultants) et trouver - pourquoi pas ? - des appuis au sein des futurs e-gouvernements, la prochaine grande affaire des visionnaires.
A rebours, la critique paraît facile. Aussi facile que les gains engrangés par ces sociétés, que l’on dit prestigieuses, et dont les experts font souvent la pluie et le beau temps. On imagine en effet assez mal une décision se rapportant au Net sans un argumentaire abondamment étayé par une grosse et grasse étude largement rétribuée. Avec une chance sur deux, pourquoi ne pas tenter l’augure ? « Après un an de traversée du désert, les nouvelles technologies vont reprendre du poil de la bête début 2002. Risque de cafouillages au passage de l’Euro. Attention cependant aux télécommunications mobiles. Trop endettés, les opérateurs pourraient manquer de cash pour déployer leurs coûteuses licences UMTS. Le particulier devra, quant à lui, progressivement s’habituer à la disparition du « tout gratuit » - ça ne rapporte rien - et à la perte progressive de sa sphère privée . A défaut de totales exactitudes, ces prévisions ont le mérite d’être gracieuses et sincères. Qualités trop rares au royaume des e-prophètes.
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